La 3D et ses dérivées ou les différentes 3D
Les différents types de 3D
Aujourd’hui, le terme "3D" est omniprésent dans le monde du : jeu vidéo, cinéma, modélisation architecturale… et même de la visite virtuelle. Mais derrière ce mot magique se cache une réalité bien plus nuancée. Ce que certains appellent "visite virtuelle 3D" est-ce vraiment ce que vous imaginez ? Spoiler : souvent, non ! Dans cette analyse, nous allons explorer trois domaines où la 3D a évolué et voir pourquoi les "visites 3D" ne sont pas ce qu’elles prétendent être.
La 3D dans l'univers des jeux vidéo :
Exploration libre et immersion totale
La 3D a révolutionné l’univers des jeux vidéo. C’est même grâce à ces derniers que nous avons appris à associer la 3D à l’exploration libre...
Dans les années 90, des jeux comme Quake (1996) ont changé les règles. Pour la première fois, les joueurs pouvaient se déplacer librement dans un environnement entièrement modélisé. Fini les faux décors 2D déguisés en 3D comme dans Doom, ici, on pouvait tourner autour des objets, sauter, explorer un monde en profondeur.
D’autres titres ont renforcé cette avancée :
- Virtua Fighter (1993) a introduit la 3D dans les jeux de combat.
- Super Mario 64 (1996) nous a offert un monde entièrement en trois dimensions.
- Tomb Raider (1996) nous a permis d’explorer des ruines comme jamais auparavant.
📌 Ce qu’il faut retenir ?
📌 Dans un jeu vidéo, la 3D signifie un monde où l’on peut se déplacer librement, interagir avec son environnement et voir la perspective évoluer en temps réel. (cliquez en haut à gauche et choisissez Tuscany)
Noter qu'ici c'est un contrôle dit "third-person", vous contrôlez un personnage et son évolution dans un espace, à la différence d'un jeu comme quake où le but est de montrer ce que voit le personnage (firs-person). Vous verrez plus loin, que cette différence est fondamental dans la gestion d'une visite virtuelle.
La 3D dans le cinéma
La 3D fait son cinéma
La 3D au cinéma : Une illusion de profondeur
Contrairement aux jeux vidéo, la 3D au cinéma n’est qu’une illusion visuelle, sans interaction.
Dès les années 1950, des films en relief apparaissent, nécessitant des lunettes anaglyphes (rouge/bleu) pour simuler la profondeur. Plus tard, les lunettes polarisées améliorent l’effet, permettant le succès de films comme Avatar (2009).
Mais...
- Dans un film, la 3D ne permet pas de se déplacer ni d’interagir.
- Elle est fixe et purement visuelle.
- Ce n’est pas une visite virtuelle, ni un monde interactif.
📌 Ici, le terme "3D" est utilisé à juste titre, mais il ne correspond pas à l’idée d’une visite immersive : il désigne uniquement un effet de relief
Vidéo 360 ou 3D ?
Cette vidéo est sans conteste une visite vidéo 360...
Mais celle-ci, est-ce une vidéo 360 ou une vidéo 3D ?
Les experts en modélisation affirment qu’une visite virtuelle ne peut être qualifiée de "3D" que si elle repose sur une modélisation complète. Pourtant, il existe deux formes d’immersion : l’une en 360° photoréaliste, l’autre issue de la modélisation. Chacune impressionne à sa manière, notamment l'immersion photoréaliste en 360°, où le drone reste invisible. Alors, où placer la frontière de la "3D" ?
Pour une vidéo, cette distinction est pertinente, mais pour une visite virtuelle, c’est une tout autre histoire ! Voyons pourquoi dans le prochain chapitre.
Différence entre visite virtuelle et dollhouse
Dollhouse 3D
La modélisation 3D : de la CAO à la dollhouse
La modélisation 3D est née dans l’industrie, avec la Conception Assistée par Ordinateur (CAO). Les architectes et ingénieurs l’utilisent pour concevoir des bâtiments et des objets avec une précision millimétrique.
Exemples d’utilisation :
- Architecture & construction → Visualisation d’un projet avant sa construction.
- Tourisme & patrimoine → Reconstitution de monuments disparus, visites de lieux inaccessibles.
💡 Mais peut-on appeler ça une "visite virtuelle 3D" ?
❌ Non ! Car ici, on ne se déplace pas dans un espace, c’est l’espace qui est manipulé par l’utilisateur.
C’est comme si vous teniez une maquette d’un musée entre vos mains et la faisiez tourner pour l’observer sous différents angles.
Regarder une maquette 3D, ce n’est pas la visiter !
❌ Elles ne sont pas photoréalistes.
Les textures et détails sont souvent simplifiés, rendant l’expérience moins immersive que la photographie 360°. De plus, comme c’est le cas ci-dessous, il est impossible d’obtenir une visite virtuelle photographique de certains monuments, et pour cause : ils ont disparu !!
📌 Ici le terme 3D indique une représentation virtuelle d'un objet ou d'un bâtiment en 3 dimensions. Et le déplacement est du type "dollhouse".
Le dernier exemple, la villa de Diomède à Pompéi est une reconstitution 3D à partir de données d'un scan lidar, avec un déplacement point par point. On se rapproche de l'idée d'une visite virtuelle 3D, mais sans répondre aux critères d’une exploration fluide et libre. Pourtant, malgré toutes mes recherches, je n’ai pas trouvé d’exemple concret alliant scan lidar et véritable visite libre et fluide.
Faire toute la différence
Les différentes 3D
Les différents sens de "3D"
Résumons : le terme "3D" peut avoir plusieurs significations :
✅ En CAO on parle de modélisation 3D : c'est le fait de voir un objet sous tous les angles. Quand cette modélisation représente un bâtiment on parle de "dollhouse", une maquette virtuelle 3D, permettant d'observer l'ensemble dans un espace
✅ Dans les jeux vidéo, "3D" signifie vue à 360 et déplacement libre et fluide. c'est ce qui a démocratisé le terme 3D et l'a ancré dans l'esprit du grand public comme une expérience immersive..
✅ Au cinéma la 3D indique le relief.
Ici le public ne fait aucune confusion : il s’agit d’un effet visuel, pas d’une exploration libre d’un environnement. Peut-être aurait-il fallu nommer cette technologie "3DR" (trois dimensions en relief) pour éviter l’ambiguïté avec la 3D interactive des jeux vidéo et des visites immersives.
Pourquoi le mot "visite" change tout ?
Le terme "3D" est utilisé correctement dans tous ces domaines, mais dès qu’on y ajoute le mot "visite", une nouvelle exigence apparaît : celle du déplacement.
📌 Le mot "visite" et le verbe "visiter" impliquent deux choses essentielles :
- ✅ Un déplacement (se rendre quelque part, se déplacer dans un espace).
- ✅ L’action de regarder, explorer, découvrir un lieu.
C’est pour cela que la notion de déplacement est primordiale. Une véritable visite implique une liberté de mouvement, et pas seulement le fait de regarder un lieu sous différents angles.
💡 Et c'est encore plus évident lorsqu'on parle de lieux où l’exploration physique est essentielle, comme un musée ou une maison à vendre.
La vraie visite virtuelle 3D photoréaliste n’existe pas encore !
Pour avoir une véritable visite virtuelle il faut :
- 1️⃣ Une visite virtuelle 360 basée sur une image photoréaliste.
- 2️⃣ Un déplacement libre et fluide.
- 3️⃣ Un reconstitution fidèle (modélisation)
Tant que la technologie ne combinera pas ces trois aspects, la visite virtuelle 3D restera une promesse incomplète et un argument marketing plus qu’une réalité.
Le piège marketing des fausses "visites virtuelles 3D"
Matterport avance que son système offre des visites virtuelles 3D, car :
- 1️⃣ Il repose sur des scans d’environnements réels.
- 2️⃣ Il permet une navigation interactive entre différents points de vue.
- 3️⃣ Il donne une impression de profondeur et de réalisme.
📌 Or, nous avons vu qu’une véritable visite virtuelle implique aussi un déplacement libre et fluide
❌ Donc, on ne peut pas qualifier le système Matterport de véritable visite virtuelle 3D.
Il s’agit plutôt d’un assemblage de points de vue fixes simulant un déplacement, mais sans exploration fluide et continue.
Essayez simplement d’aller dans un endroit où il n’y a pas de point de transition… Vous ne pouvez pas !
📌 C’est la preuve que Matterport et de nombreuses agences web abusent du terme visite virtuelle 3D à des fins purement marketing.
📌 On ne choisit bien que lorsque l’on sait ce que l’on achète.
Scan et photogrammétrie, un avenir en marche ?
Lidar et photogrammétrie, l'avenir ?
le scan lidar
Avec l’émergence du lidar (Light Detection and Ranging), il devient possible de scanner et recréer des environnements réels en 3D. Au début les premiers scans lidar ressemblaient à ceci :
Le Futur des Visites Virtuelles 3D
"Photogrammétrie et lidar : Un avenir en marche"
L’association du lidar et de la photogrammétrie donne des résultats spectaculaires en matière de modélisation 3D. Un excellent exemple est la Basilique de Saint Mary of the Chorus,
Un niveau de détail impressionnant, mais encore imparfait :
✅ Les points forts :
- L’effet de réalisme est bluffant, chaque texture et relief étant reproduit avec une fidélité étonnante.
- Grâce à la combinaison lidar + photogrammétrie, on obtient une capture ultra-précise, quasi identique à la réalité.
❌ Les limites visibles :
- Certains éléments disparaissent ou sont mal reconstruits : on perçoit les ombres des tables, mais pas les tables elles-mêmes.
- L’intérieur du café donne une impression étrange, comme si le lieu avait été bombardé, avec des textures manquantes ou mal fusionnées.
- Encore un déplacement type "Dollhouse"
📌 La future visite virtuelle 3D arrive
Théoriquement, un système comme Matterport pourrait offrir un déplacement fluide, mais cela nécessiterait une capture tous les centimètres carrés, soit 10 000 photos pour un mètre carré, ce qui est totalement ingérable en pratique.
✅ Le scan 3D (Lidar) capture la structure de l’environnement en quelques prises seulement, évitant ainsi cette contrainte.
✅ La photogrammétrie permet ensuite de récupérer la couleur et la texture de chaque point scanné, donnant un rendu réaliste. Comme le montre l'exemple du scan Basilica of Saint Mary of the Chorus, 1774
📌 La visite virtuelle 3D était une promesse incomplète... jusqu'à : Le 22 septembre 2025, krpano annonce la sortie de sa version 1.23-2 de son moteur de rendu de la visite virtuelle !
La visite virtuelle 3D est-elle arrivée ?
2023 : 3D Gaussian Splatting
La méthode a été formalisée et publiée en 2023 par Bernhard Kerbl et son équipe (Inria / Université Côte d’Azur) dans l’article “3D Gaussian Splatting for Real-Time Radiance Field Rendering” présenté lors d'une conférence (SIGGRAPH / ACM)
le Gaussian Splatting combine des nuages de points (issus de la photogrammétrie ou d’un scan LiDAR) et les couleurs extraites des photographies pour représenter une scène en 3D. Concrètement, on calcule d’abord la position des caméras (Structure-from-Motion) et on génère un nuage de points ; chaque point reçoit la couleur des photos qui l’ont vu. Ces points sont ensuite optimisés et rendus comme de petites taches 3D — les “splats”.
Ce système se situe à mi-chemin entre la modélisation 3D classique et la photo 360 : on conserve l’authenticité des images tout en disposant d’une géométrie
Visite virtuelle 360 vs visite virtuelle 3D gaussien splatting
La visite virtuelle 3D est-elle née ?
Oui : la visite virtuelle 3D est née — techniquement. Des méthodes comme le Gaussian Splatting ont franchi le pas qui permet aujourd’hui de se déplacer librement dans un volume reconstruit en temps réel. Non : elle n’est pas encore mature si par “naître” on entend “remplacer la photo 360 par du 3D photoréaliste indistinguable”.
Pourquoi on peut dire qu’elle est « née »
Jusqu’à récemment, une « visite virtuelle 3D » était souvent du marketing : on collait des photos, on simulait un peu du relief, on téléportait l’utilisateur entre nœuds. Avec le Gaussian Splatting (et son intégration dans des viewers comme krpano 1.23.x) sorti le 22 septembre 2025, on a enfin un format de rendu qui prend un nuage de points colorisé et l’affiche comme un volume continu, avec vraie parallaxe, occlusions et déplacement continu. C’est un saut technique comparable au passage des diaporamas aux premiers mondes 3D jouables — l’expérience utilisateur change, c’est tangible, on le voit très bien avec la visite virtuelle faite par krpano ci-dessous.
Je l'ai dis et je le répète la visite virtuelle 3D est ou plutôt, était un leurre marketing et le reste la plupart du temps. Mais krpano avec sa dernière version (1.23-2), à permit grâce au 3D gaussien splatting la réalisation de la visite virtuelle 3D.
Pourquoi elle n’est pas encore « adulte »
Street Art or not ?
Pour l'anecdote, j'ai d'abord découvert la visite virtuelle de l'atelier de Florent Maussion à la Centrale 2 sur krpano et je croyais que c'était un artiste de street Art... Regarder particulièrement les 4 tableaux en haut sur la 1ere capture d'écran. C'est encore plus flagrant sur la deuxième photo, non ?
Et voici maintenant des captures d'écran de la visite virtuelle 360 du même endroit :
Le graphisme n'a pas atteint sa maturité
La naissance n’est pas la maturité. Les images comparées montrent la limite : la reconstitution part d’échantillons (points). Quand ces points sont espacés ou fortement compressés, l’algorithme interpole et lisse — il « invente » de la surface là où il n’y a pas assez d’échantillons réels. Le résultat donne souvent un rendu plus « pictural », moins granulaire qu’une photo 360 haute définition. Ajoutez à ça les contraintes pratiques (qualité de capture, LiDAR vs photogrammétrie, GPU/CUDA pour l’optimisation, LOD/streaming) et on comprend pourquoi le rendu photoréaliste généralisé n’est pas encore automatique. C'est une comparaison très facile à faire, car il existe une visite virtuelle 360 de ce même atelier Florent Maussion Centrale 2 par 360images.fr
Déplacement fluide, libre — mais pas naturel.
Sur cette visite, le contrôle ressemble à celui d’un jeu vidéo où l’on voit le personnage à l’écran, à la manière d’un vieux Tomb Raider (third-person) ou comme on le vois sur l'exemple cité dans l'univers 3D des jeux vidéo. Quand vous allez à gauche ou à droite, vous ne tournez pas, comme vous le feriez naturellement. Vous glissez à gauche ou à droite comme si vous marchiez en crabe. La vue ne suit pas la direction prise ! Le problème ici, c’est que ce n’est pas vous qui visitez mais un avatar invisible. Transposer dans la réalité : c’est comme visiter un musée et passer votre temps à regarder la personne qui vous accompagne plutôt que les tableaux.
Techniquement, cela vient du choix d’un schéma de contrôle hérité des jeux en troisième personne — utile pour manipuler un personnage, mais inadapté à l’expérience d’une visite immersive où l’utilisateur incarne la caméra. Une approche plus intuitive consisterait à lier la direction du déplacement à la direction de la vue, autrement dit faire en sorte que l’axe du mouvement suive l’axe du regard, comme dans une conduite automobile où la trajectoire suit le volant.
Alors oui la visite virtuelle 3D est née mais elle reste encore expérimentale et non utilisable dans une visite virtuelle d'un musée.
Si vous avez lu l'article sur les types de visites virtuelles, vous savez maintenant choisir en toute connaissance, sinon cliquer sur la flèche ci-dessous ! elle vous mènera directement à cet article.
faq page
Questions Fréquentes (FAQ) : La 3D et la Visite Virtuelle
Que vaut matterport ?
C'est la meilleure solution pour générer une maquette 3D manipulable (Dollhouse) couplée à une visite 360° par points de téléportation. Mais ce n'est pas une "visite virtuelle 3D" au sens d'une exploration libre, comme dans un jeu vidéo type "first-person (quake)".
Quelle est la différence entre une "visite virtuelle 360" et une "visite virtuelle 3D" ?
Une visite virtuelle 360 est une suite d'assemblage photo 360 reliées entre elles, dont le passage de l'une à l'autre se fait par point de téléportation. Parfois ces transitions, peuvent donner l'illusion d'un déplacement 3D.
Une visite virtuelle 3D est un seul ensemble qui peut être visitée de façon via un "déplacement libre et fluide, actuellement il est basé sur la modélisation 3D.
Existe-t-il plusieurs types de visite virtuelle 3D ?
Oui et non, certains définissent la vue dollhouse comme une visite virtuelle 3D, cette vue vient de la CAO (conception assistée par ordinateur). D'autres comme un déplacement fluide et libre dans un espace à 3 dimensions (comme le ferait un humain dans un musée ou dans un jeu vidéo)."
C'est quoi la vue dollhouse
La vue dollhouse (maison de poupée en français), c'est comme si vous preniez le musée du Louvre et le regardiez dans tous les sens comme vous manipuleriez un Rubik's Cube. Or observer, ce n'est pas visiter ! Raison pour laquelle on dit que la plupart des agences vendant des visites virtuelles est un leurre marketing
C'est quoi un scanner Lidar ?
le Lidar est un scanner laser par point, souvent d'un monument, mais cela peut être aussi une maison, et aujourd'hui elle peut même être extérieur."
C'est quoi le 3D Gaussian Splatting ?
C'est une nouvelle méthode pour afficher une scène 3D. Au lieu d'utiliser des polygones (comme un jeu vidéo), elle affiche des millions de petites 'taches' 3D colorées, appelées 'splats'."
C'est quoi un "splat" ? "C'est un point 3D (issu du Lidar ou de la photogrammétrie) qui a non seulement une couleur, mais aussi une forme, une taille et une orientation. C'est ce qui permet de boucher les trous et de donner un rendu 'pictural'.
C'est quoi la photogrammétrie
La photogrammétrie, c'est la science qui permet de créer une structure 3D (un nuage de points) à partir de simples photos 2D. En analysant comment les pixels se déplacent sur plusieurs photos prises sous des angles différents, le logiciel "calcule" la position 3D de ces points.
Plus simplement ce sont des logiciels qui transforment des photos 2D en un espace 3D, tel que : Agisoft Metashape, RealityCapture, Meshroom, MicMac, WebODM, Regard3D
